avril 24, 2024

A la découverte du collectif Goma Slam session

Depuis un temps, le slam s’est frayé une place dans le quotidien de la ville de Goma, en province du Nord-Kivu. Chaque semaine des jeunes présentent des textes, à l’admiration du public se trouvant dans des espaces publics, conférences, cérémonies culturelles, mariages et voire des deuils. Zik+ s’interresse aujourd’hui à l’histoire particulière du collectif Goma Slam Session.

Nous sommes en 2016, la ville de Goma regorge beaucoup de poètes et écrivains. Ceux-ci évoluent chacun dans son coin personnel. Avec un objectif rassembleur, certains parmi eux se réunissent et enregistrent en 2017 le titre “Mon vœu” qui connaît la participation de plus de 10 Slameurs, ainsi vient l’idée de mettre en place un collectif qu’ils nommeront Goma slam session, un cadre qui leur permet d’échanger, de s’auto-orienter et de voir s’il y’a possibilité de faire des petites sessions en commun. Par définition le slam c’est la poésie Rythmée.

Cette équipe opte alors pour un leadership horizontal, personne n’est chef, les décisions sont communes. Jusqu’aujourd’hui ces jeunes ont une manière propre d’organisation, ils fonctionnent avec différentes commissions telles que la communication et celle pédagogique. L’ensemble de ces commissions appelées foyer artistique constitue l’organe de coordination sensé répondre aux questions urgentes impliquant le collectif

Au cours de l’année 2017, le collectif prend son envol. A part les sessions slam qui s’organisent régulièrement, les slameurs de ce collectif ont eu l’occasion de prester en freestyle sur la troisième scène du festival Amani, le premier grand rendez-vous culturel réunissant chaque année, durant trois jours, des artistes de la région de Grands-Lacs qui chantent et dansent pour la paix et plus tard en 2020,ils vont être invités en Guest sur la grande scène du même Festival.

Partage du savoir

Conscient qu’à un moment ou à un autre les initiatiateurs ne seront plus très actifs suite aux occupations professionnnelles, ces jeunes travaillent pour une relève. Ainsi ils partagent leur savoir en donnant aux élèves et Etudiants, filles et garçons confondus, différentes notions d’écriture, de l’art parlé et de prise de parole en public et de la lecture.

Pour comprendre différents programmes du collectif, nous voici à la rencontre du slameur Dépaul Bakulu, jeune connu sous le nom de sniper, peut être parce qu’il est tireur d’élite des mots. Il explique que Slam à l’école est un programme phare, d’initiation des élèves à la culture poétique avec l’idée d’implanter une pépinière des pensées, d’analyse critique et susciter le potentiel lié à l’art littéraire qui s’en dort dans les esprits des jeunes élèves.

‘’ Nous avons commencé ce programme depuis l’année 2019, à l’époque on travaillait en collaboration avec Hold
RDC sur la sensibilisation et la prise de conscience sur des questions environnementales. Cette année, nous avons été dans 18 écoles de Goma, dans lesquels nous avions mobilisé des élèves sur des thématiques traitant du genre et protection des enfants en collaboration avec Vis RDC, AVSI et Gingando’’

Raphael Bukoko, enseignant à l’institut Don Bosco reconnait que grâce à l’encadrement des jeunes du colletif, les élèves ont développé leurs expressions, et ont également vaincu la timidité ‘’ chaque jour qui passe voit s’améliorer les performances des élèves de l’institut Don Bosco Ngangi encadré chaque vendredi par deux membres du collectif” peut-on lire sur son compte facebook.

A en croire Dépaul, les femmes ont une grande place dans Goma Slam session. Longtemps muselée par différentes cultures, le collectif la promeut dans son programme slam au féminin. Il s’agit d’une tribune d’expression féminine pour lui faire la chance de s’exprimer car, dit-on que chaque être humain a des histoires à raconter.

Rendez-vous de la bouche et l’oreille

Chaque semaine dans le cadre de répétition, les slameurs se réunissent à l’endroit connu, par ceux qui les fréquentent, en Espace slam. Ici ils se partagent des textes et se corrigent mutuellement pour s’améliorer. Et le dernier vendredi du mois arrive le rendez-vous de la bouche aux oreilles appelé soirée slam. Ce dernier a lieu dans un endroit précis. Il y’a quelques temps, ils racontent, tels des griots, des histoires autours du feu appelé Muripuko.

Par ailleurs, chaque deux semaines, il s’organise un rendez-vous de la pensée Maarifa. A cet effet, un spécialiste dans un domaine partage aux invités une thématique qu’il maitrise. C’est dans ce sens que durant les jours passés ils ont échangé avec Jean Mobert Senga de Amnisty International, Rodriguez Katsuva de Congo Cheick, Innocent Mpoze de Pole Institute,
Clarisse Zihindula de la maison de la femme.

‘’ Le rendez-vous Maarifa est une autre façon d’exploiter les livres. Nous échangeons avec des grands qui nous partagent leurs expériences. On dit souvent, en amont la lecture, en aval l’écriture. Pour avoir un attachement à la lecture, nous avons pensé à une alternative qui pourrait venir appuyer la culture de la lecture ?’’ poursuit Dépaul

De la Slamothérapie
Evoluant dans en Province du Nord-Kivu, en proie de guerre, le collectif font des séances de Slamothérapie. Selon la slameuse Rita Zaburi, une animatrice de ce programme, il s’agit d’une approche du slam permettant aux pratiquants de soigner la vie et les maux divers, à travers le slam-poésie au moyen de l’écriture et de la libre expression. Cette année ce programme s’est s’effectué avec une Soixantaine des femmes victimes de plusieurs types de violence.

« Les pratiquant de la slamothérapie sont face à eux-mêmes, poussées à se réarmer par leur capacité de résilience, leur esprit créatif et leur sens imaginatif. Elles racontent ainsi leurs vécus à travers l’écriture, ensuite la parole mais pas comme des histoires de marginalisation mais des récits de résilience. Après des séances, elles sont capables de gérer leurs stress, d’équilibrer leurs émotions, d’extérioriser leurs sentiments et d’avoir des produits à présenter comme fruit de leurs propres imaginations. » Renchérit-t-elle.

Signalons qu’aujourd’hui, hormis les différents bénéficiaires, le collectif regorge une centaine des jeunes slameurs.

A l’unanimité, ces jeunes sont convaincus qu’avec le slam les gens peuvent s’écouter, dialoguer, adoucir les peines vécues et réinventer un monde nouveau.
C’est leur façon de contribuer à panser les plaies de la guerre du Kivu et ouvrir les esprits aux lendemains rose. Force à eux !

Albert Sivamwanza Isse

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