Une année après la disparition du professeur Ka Mana, des hommages mérités lui sont rendus. Nous sommes à Goma, Nord-Kivu, Rdc.
La direction de capacitation de l’Institut Interculturel dans la région des grands Lacs (Pole Institute) a organisé une journée culturelle ce samedi 9 Juillet, autour de l’héritage de ce baobab. A part des discours articulés autour de la pensée _Kamanique_ , différentes activités telles que le concours d’éloquence ainsi que des prestations slam et d’humour étaient au rendez-vous.
C’est la salle Michel Segier qui a servi de cadre de cette activité. Pour commencer, le responsable de l’Université Alternative a placé son mot de circonstance. Selon lui, cette activité était non seulement pour rendre hommage à la mémoire du professeur Ka Mana mais aussi à tous les pionniers de Pole Institute qui se sont mobilisés depuis 25 ans pour cette Œuvre.
Le Professeur Joël Baraka a brossé une contextualisation de la naissance de Pole et son travail axé sur la politique de l’inter culturalité, du regard croisé ainsi que de la révolte constructrice qu’il estime d’ailleurs fondamentales dans le contexte d’une région des personnes portées à la haine tribale. Il a à cet effet indiqué que cet hommage est un appel à l’appropriation de cette vision de Pole par les jeunes.
Après les discours, la place a été laissée aux conférences autour de l’héritage du maitre. Hubert Masomeko, le premier intervenant a axé son allocution sur ‘’ les grands chantiers du savant Ka Mana dans le champ des jeunes ’’. Revenant sur les écrits du _De cujus_ , il a rappelé le cheval de bataille du prof qui était le changement de l’homme congolais en général.
Par la suite, l’étudiant Hubert a invité les jeunes à la remise en question de leurs priorités d’ aujourd’hui. Il s’agit notamment de la nécessité de refonder l’université alternative congolaise, la capacité organisationnelle, le leadership responsable, la banalisation de la notion du temps, la participation des filles ainsi que la loi du moindre effort dans le domaine scientifique.
*Un héritage arc-en-ciel*
Une année après la disparition du maitre, que deviennent les disciples ? demande Hubert. En guise de réponse, le professeur Joël Baraka a indiqué que le plus grand bonheur d’un maitre c’est de voir ses disciples le dépasser. Il faut donc, estime-t-il dans les années à venir, nous dépassions Le Maitre.
Dans une prestation artistique, les artistes Chico Iceberg, Esther Nkuba, grand père, groupe ça va slam… ont marqué de leur talent les cérémonies de souvenir. C’est pourquoi Chico pose une interrogation ” les jeunes ont entendu Kä Mana sonner l’alarme, Où ils étaient encore _dans le bruit_ ? (Pour emprunter l’expression en vogue sur les réseaux sociaux).
Pour sa part, Jessé Busomoke a rendu hommage à travers une intervention artistique ainsi que scientifique. Répondant à la question comment et où il faut agir, Jessé cite le professeur Phidias et déclare que ses pairs jeunes et artistes doivent être de catalyseurs de mobilisation citoyenne pour changer le narratif de la Rdc et participer à la restauration de la paix au Nord Kivu. Et d’ajouter qu’ils sont des réveils civiques des citoyens, des éclaireurs de la société, des guets de la démocratie, des lunettes citoyennes.
De son côté le chef des travaux Bernardin Ulimwengu a partagé un propos expérimental de sa rencontre avec le Prof Ka Mana. En effet, c’est à l’an 2000 qu’il a fait la rencontre avec celui qu’il appelle Maitre, c’était, à travers la revue, Zaire Afrique n°147 ( septembre 1980). Son grand attachement intervient après qu’ils se soient rencontrés en 2012; dès lors, Bernardin apprends aussi trois grandes lectures qui le transforme. Il s’agit du roman Le Goéland de Jonathan Livingstone, la ferme des annimaux de Georges Orwell ainsi que la pédagogie des opprimés avec Paulo Freire.
Parlant de la pérennisation de l’œuvre de Ka Mana, Bernardin déclare : Il est temps de nous inspirer de sa pensée pour essayer d’y ajouter une plus value. Au besoin, faire la traduction de certaines de ses publications en langue nationales. <Chers artistes, nous avons le devoir de mettre la pensée de Ka Mana sous d’autres supports pour la vulgariser>, tel est son appel.
Philosophe, théologien, le professeur Godefroy Kangudie Mana a tiré sa révérence le 15 Juillet 2021 à Goma. Tout ce mois de juillet, les séances de l’université Alternative de chaque samedi à Pole Institute lui sont consacrées.
Comme l’a dit Jean d’omesson ; ‘’ Il y’a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants.’’