avril 19, 2024

Goma: Le slam pour l’éveil de conscience et du changement

Voici le 07 janvier 2022, premier vendredi de l’année. L’espace culturel Goma slam session est rempli d’un public compact à majorité juvénile. Des jeunes filles et garçons artistes ainsi que des jeunes amoureux de l’art viennent prendre part à la huitième édition du rendez-vous de la pensée Maarifa avec comme orateur Jacinthe Maarifa.

Pour rappel, le slam est un des arts de la parole avec un langage souple, destiné au public dans des espaces ouverts. Il se démarque notamment par la noblesse des mots mais aussi par la large culture générale de ses auteurs

Sous une tente rouge, le slameur Jacinthe aborde le thème  ‘’ Slam, entre identité et Combat’’. Pour commencer, il dit avoir choisi ce thème parce que le slam prend beaucoup d’ampleur dans la ville de Goma. D’où l’importance pour lui d’expliquer la vision et le sens du slam qu’il estime comme art, non pas vide mais art qui construit intelligemment et s’engageant pour une cause.

Abordant le vif du sujet, il qualifie le collectif des slameurs de Goma en bâtisseurs, ceux-ci usent de leurs mots comme armes pour combattre les maux de la société. Aussi, ajoute-il, les slameurs dans notre société déconstruisent pour reconstruire avec trois combats, celui de mémoire, de restauration ainsi que de rupture.

En effet, face aux crises congolaises de la pensée et de rupture avec le passé, il faut que les jeunes sachent l’histoire afin de changer la société. Pour apprendre et maitriser cette histoire il faut la lire mais, combien des jeunes lisent ? S’interroge son public sans trouver réponse favorable.

Parlant du combat de restauration, Jacinthe indique que lui et ses pairs slameurs investissent dans des lieux où règne l’ignorance et même dans des lieux prétendument du savoir mais où celui-ci n’y est pas profondément, à l’instar des écoles, églises, universités afin de restaurer et permettre aux jeunes générations de revenir à ce qui est normal et juste.

Concernant le Combat de rupture, il invite les jeunes à rompre avec tous les discours qui déshumanisent, des langages qui font oublier la grandeur que nous incarnons. Rompre, poursuit-il, c’est aussi mener un combat du langage. Et le slam est bien l’incarnation de ce combat. Ainsi, nous sommes des bâtisseurs parce que nous avons emmené le slam pour en créer une identité.

Voici sa conviction: pour bâtir il faut non seulement déconstruire tout ce qui nous a mis à genou pendant longtemps et après reconstruire une société plus éveillée, plus ouverte et responsable de son destin. ‘’Voilà en résumé le travail que nous faisons ; rechercher le savoir et l’utiliser au service de la communauté en dénonçant l’inacceptable et conscientiser afin de pousser des gens à agir pour le changement.’’ Conclut-il.

Comme qui dirait: le mal perdure non seulement à cause de leurs auteurs mais aussi du fait de l’inertie ou silence coupable de ceux qui ne le dénoncent et ne le combattent pas.

Albert Isse Sivamwanza

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